A la demande de je ne sais plus qui (désolé pour lui/elle), la chronique de Let It Be des Beatles :
Le dernier album des Beatles (mais avant dernier dans la composition) est "polémique".
J'explique : il est clairement mieux que les tous premiers albums des "Fab four" qui sont des albums principalement composés de reprises (comme Twist And Shout sur leur premier disque, Please Please Me, en 1963) mièvres et de compos pas forcement plus intéressantes mais il a pourtant acquis la réputation d'être le "pire album des Beatles".
Pourquoi ? A mon avis c'est assez simple : c'est le seul où les Beatles chutent de si haut.
Car qu'on en dise ce qu'on en veut, groupe "à minettes" "niais" (ce qui n'est pas forcement faux...si on s'arrête en 1964) ou d'autres conneries, les Beatles sont un grand groupe. Et je veux dire par cela, pas parce qu'ils ont vendu beaucoup, beaucoup d'albums, mais parce qu'ils ont fait de grands albums et ont su expérimenter contrairement à ce qu'on pourrait penser si on croyait que les Beatles c'est She Loves You et Yesterday. Sgt. Pepper’s Lonely Heart’s Club Band (1967) est souvent cité comme le fondement du rock progressif et comme le premier concept-album de l'histoire (ce qui est plus sujet à discussion, beaucoup soutiennent que c'est Pet Sounds des Beach Boys sorti un an plus tôt). Tout ça pour dire que les Beatles, à partir de 1965-1966, ont énormément expérimentés et par le fait ont radicalement changés la Musique. Et puis un groupe qui sort 13 albums en 7 ans pour moi c'est toujours un signe. Enfin...tout ça pourra sembler être un tas de banalités sans noms si l'on pense par exemple au mot de Lennon qui dit que les Beatles sont plus connus que le Christ, mais au vu de ce que l'on peut entendre assez régulièrement sur le groupe il fallait que ce soit dit.
Le problème de Let It Be est donc ici. Les Beatles "régressent". D'ailleurs, ce projet de McCartney seul, devait au départ s'intituler Get Back. Déçu par le refus de ses collègues de renouer avec le public et les tournées, Paul propose de filmer la conception d'un album au "jour le jour". Au final ça donnera plus de 100 heures d'images...pour 2 heures de film. Les studios de Twickenham (où ils déjà avaient tournés A Hard Day's Night [Quatre Garçons dans le Vent en français...] et Help) sont le théâtre des opérations en ce début de Janvier 1969.
Théâtre, c'est le bon mot. Certains, les "fans absolus", y verront en effet une tragédie...d'autres une comédie. Ce qui est sûr c'est que l'ambiance est rarement bonne. Paul dirige manifestement son projet à la baguette et utilise notamment George Harrison comme musicien de studio plus que comme son ami membre du groupe au même titre que lui, Yoko Ono est toujours là (un jeu marrant en regardant le film, est de trouver "où est Yoko ?" étant donné qu'elle est sur tous les plans...derrière le piano ? la batterie ? un ampli ? je vous laisse vous amuser si ça vous dit...) à coller Lennon (elle va jusqu'à dormir dans le studio pour ça) et se permet même de juger les compositions ce qui énervera Harrison et Ringo Starr qui quitteront le studio.
A n'en pas douter, Let It Be, c'est aussi l'album qui souffre le plus des tensions entre les membres du groupe dans le trio White Album/Let It Be/Abbey Road (qui n'existe pas).
Twickenham c'est pourri, on décide donc de continuer dans le super nouveau studio Apple. George revient et ramène Billy Preston. Tout ça adoucit notre beau monde même si l'ambiance n'est plus la même qu'avant. Et pour le coup, le 30, Get Back sur scène, Get Back la bonne ambiance. Le dernier concert "mythique" des Fab sur le toit d'Apple, interrompu par la Police, est le meilleur moment du film...et sa fin.
Get Back ne sort pas. Abbey Road sort. Après deux tentatives infructueuses de Glyn Johns, Phil Spector est appelé à la rescousse pour enfin sortir ce Get Back. L'album devient Let It Be. Le citer n'est pas juste histoire de fanfaronnade. Déjà, sur toute album la production est un point important, mais il est évident qu'avec Let It Be cette vérité prend de l'ampleur. Le fait que le mixage de Spector, particulièrement sur The Long and Winding Road qui tenait à coeur de Paul, soit une des derniers causes de divisions du groupe et que Paul sortit en 2003 une version "recorrigée" de l'album (Let It Be...Naked) sont des signes assez...significatifs du "Spector's Factor" (je crois pas que cette expression existe déjà, alors j'y mets un droit d'auteur, parce qu'elle claque).
Globalement, Spector fait quand même un bon travail, surtout sur le choix de pistes (mais pas sur leur agencement, Get Back en ouverture, sur Naked, est par exemple un choix plus judicieux que Two of Us) et surtout comparé au travail de Glyn Johns.
L'album démarre donc par Two of Us, une composition de Paul (comme presque tous les morceaux du disque de toute façon), ballade plutôt sympathique. Dig A Pony, de Lennon, commence sur les chapeaux de roues avec une intro qui remue bien, mais s'essoufle vite. Pas grave, on a quand même pu remarqué que George avait rapporté de ses jams avec son pote Eric Clapton un solo bien bluesy...on verra par la suite que ce n'était pas anecdotique, ce sera d'ailleurs un des points positifs de cet album. Across The Universe, rescapée des sessions du White Album, me parait absolument insupportable. C'est précisement un des morceaux où Spector gache tout avec sa production et son fameux "Wall of Sound"...mais John Lennon trouve lui le résultat réussit. L'abruti. En plus, c'est un titre prétendument philosphique inspiré du gourou Maharishi Mahesh Yogi...je vous laisse aller voir le niveau des paroles par vous-mêmes... I, Me, Mine est un rock religieux pas spécialement terrible. Dig It, comme Maggie Mae sont des morceaux sans intérêt qui servent de l'avis de tous de remplissage...la première fait 50 secondes, la deuxième 40 secondes. J'appelle pas ça du remplissage. La seule chose que j'ai à dire sur ces trucs c'est que Dig It est tiré d'une prise de...15 minutes. Je trouve ça marrant. Ahaha. Entre les deux se trouve Let It Be, un des morceaux les plus connus du groupe, estampillé Macca, belle ballade "philosophique" avec Billy Preston à l'orgue gratifiée d'un très beau solo de George Harrison. I've Got A Feeling est un des meilleurs morceaux de l'album. Un bon rock où Paul se lache et crie de manière jouissive (et où George est encore très fort). Un goût de "get back", si seulement l'album entier était dans cette veine. On comprend que le projet de Paul fût bien gaché... One after 909 est une vieillerie ressortie durant les sessions de Get Back qui ne présente pour seul intérêt que le solo de George à la minute et demie. The Long and Winding Road...le plus beau morceau de l'album et peut-être des Beatles. Un morceau très important pour Paul, très personnel. Un peu gaché encore une fois par Spector. Certains, Paul évidemment, diraient massacré. Oui, la version de Naked est clairement mieux, mais ça ne va pas plus loin. En tout cas c'est clair qu'on se passe très bien des violons et des choeurs nazes sur "many times i've been alone, many...". For Your Blue, deuxième composition signée Harrison de l'album, un blues lassant. Get Back conclue l'album. Rien à y redire, encore un classique justifié du groupe, puissant et efficace. Billy Preston montre encore toute son "utilité" (entre guillemets, car le terme n'est pas très gracieux pour un artiste...).
Un album marqué par son "histoire", ses multiples péripéties, les tensions internes du groupe. Un album assez hétérogène mais qui laisse surtout un impression de déception. Un album qui sonne la fin des Beatles en somme...
8 jours plus tard, les Beatles se séparent officiellement.
The Long and Winding Road, sans Spector.
The long and winding road that leads to your door
Will never disappear, I’ve seen that road before
It always leads me here, leads me to your door
The wild and windy night that the rain washed away
Has left a pool of tears crying for the day
Why leave me standing here, let me know the way
Many times I’ve been alone and many times I’ve cried
Anyway you’ll never know the many ways I’ve tried
And still they lead me back to the long winding road
You left me standing here a long, long time ago
Don’t leave me waiting here, lead me to your door
But still they lead me back to the long winding road
You left me standing here a long, long time ago
Don’t keep me waiting here, lead me to your door
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