Nos songes merveilleux, où s'en sont-ils allés,
Refuges inconnus
D'habitants inconnus, ou des astres
Demeures du jour, et lit lointain
De la jeune aurore, et nocture
Sommeil caché de la plus grand étoile ?
Tous, d'un coup, dissipés,
Le monde est figuré dans une brève carte ;
Tout est semblable à tout, dans le dévoilement,
Seul s'accroît la néant. Rejoint à peine,
Le vrai t'enlève à nous,
O cher imaginaire : de toi s'écarte à jamais
Notre esprit ; à ton premier,
Ton merveilleux pouvoir nous soustraient les années,
Et le confort de nos souffrances est mort.  

Nostri sogni leggiadri ove son giti 
Dell'ignoto ricetto
D'ignoti abitatori, o del diurno
Degli astri albergo, e del rimoto letto
Della giovane Aurora, e del notturno
Occulto sonno del maggior pianeta?
Ecco svaniro a un punto,
E figurato è il mondo in breve carta;
Ecco tutto è simile, e discoprendo,
Solo il nulla s'accresce. A noi ti vieta
Il vero appena è giunto,
O caro immaginar; da te s'apparta
Nostra mente in eterno; allo stupendo
Poter tuo primo ne sottraggon gli anni;
E il conforto perì de' nostri affanni.  



Extrait de "Ad Angelo Mai", Canti, Giacomo Leopardi