Ou Muse défendu contre ses amateurs.


En Septembre dernier sortait un album très attendu, le nouveau Muse : The Resistance. J'aurais pu ajouter "par les fans de Muse", mais au vu de toutes les critiques d'incompétents qui se sont empressés de tirer sur l'ambulance pour se donner l'impression d'être des experts musicaux, je crois que je me serais trompé.

Il faut dire que si certains sont sceptiques quant à la maturité musicale du groupe avec cet album, tout le monde s'accorde à dire que pour ce qui est de la communication, le trio est devenu très doué. Par exemple, le concept de "chasse au trésor" (bon ok ça commence mal...) dans six villes d'Europe pour trouver six morceaux d'un morceau qui assemblées passaient de Ununited States of Eurasia au morceau United States of Eurasia (ah, l'humour britannique). Le problème c'est que même United, le morceau semble Ununited. Le premier titre de cet album révélé par le groupe a, il faut le dire, laissé beaucoup d'oreilles sceptique...jusqu'à aboutir à du n'importe quoi.

Merde, on m'aurait dit il y a trois mois que j'allais défendre le dernier Muse, j'aurais bien rigolé. Mais là, devant la tonne d'inepties à laquelle on a eût droit au sujet de ce disque, je me vois obligé d'essayer de faire pencher la balance du bon côté.

C'est vrai quoi, qu'est-ce qu'on nous a fait chier avec Queen...tous ces ignares qui vous récitent depuis le 14 Septembre (voire avant) que Muse a pompé à mort sur Queen, qu'est-ce que ça nous a gavé. Un connard, Anthony Golay (j'écris son nom, parce qu'il est moche, et parce qu'à un niveau d'incompétence aussi grand, il faut que le monde entier sache son nom) va jusqu'à nous dire : "à l’écoute de "United States of Eurasia" on découvre le Freddy Mercury qui sommeille en Bellamy" (et même qu'il remet ça en plus gros et en gras en plein milieu de l'article, le bougre). "On découvre" ? Non sérieux c'est une blague ? Vous voyez, genre, c'est nouveau quoi. Genre, avant on savait pas...


Il est marrant le mec. Déjà parce qu'on savait depuis un sacré bout de temps que Bellamy adorait Queen, et qu'il suffisait de toute façon d'écouter les précédents albums du groupe, juste pour dire qu'on parle pas dans le vide, pour s'en apercevoir. Ensuite parce qu'il a répété cette rengaine qu'on nous rabâche depuis la sortie de ce morceau sur Queen. En effet, après écoute, ça ressemble pas vraiment à du Queen. Juste deux fois des choeurs style "Galileo figaro-magnifico" dans Bohemian Rhapsody et une descente (même pas un solo hein) de guitare avec le son et le jeu type de Brian May. Sinon je vois pas le rapport entre les deux groupes. Attention je dis pas que ça n'a aucun rapport non plus, moi aussi j'ai pensé à Queen...mais de là à parler de "plagiat" ou de "pompage" et d'en faire la critique principale de l'album... et je vois pas pourquoi on nous dit ça maintenant puisque introduire de la musique classique dans ses morceaux, c'est pas d'aujourd'hui que Muse nous le fait. Eh les gars, dans Absolution il y a une intro et une interlude et Butterflies and Hurricanes hein...Du coup les "fans" du groupe qui nous sortent aussi cette nullité ça a le don d'être assez énervant.

Tous des brelles.

Certains vont jusqu'à comparer la pochette de The Resistance à celle de A Night at the Opera (de Queen donc), non mais vraiment.. A côté de ça personne, absolument personne, ne viendra nous dire que Guilding Light pourrait sortir d'un album de Queen et que le solo est du Brian May tout craché. Personne. Non, décidément, tous des brelles, jamais personne ne voudra parler de musique que lorsqu'il sait de quoi il parle. Et qu'on me sorte pas un truc du genre "chacun ses goûts"...


Tout ce qu'on "découvre" avec cet album, on le savait déjà : les gens qui parlent de musique n'y connaissent généralement rien, et je ne parle pas seulement de "culture", je veux également dire qu'ils ne savent pas écouter de la musique.

Pour le côté "culture" on peut rigoler devant les accusations de plagiat de certains critiques et des fans...personne ne viendra nous dire que Yes fait du plagiat dans Fragile quand MégaloWakeman décide de faire un arrangement de la 4ème Symphonie de Brahms ou que Jethro Tull pompe Bach dans Bourrée...le comble de l'ignardise vient quand un mec des Eternels (site de chroniques musicales) nous explique à propos de la symphonie finale de The Resistance (Exogenesis) que "Les gens qui n'y connaissent rien en classique seront bluffés, par contre... misère." pour nous révèler ensuite concernant le passage en français dans I Belong to You : "et y'a cet immonde passage en français qui m'intrigue. Vite ! Wikipedia, mon amie de toujours. Gné ? C'est un aria de Saint-Saëns, et y'a une Nocturne de Chopin collée au bout de "United States of Eurasia" (je me disais bien que ça me disait quelque chose)." Les gens qui n'y connaissent rien en classique tu disais ...?

Justement, en matière de classique, on peut apprendre grâce aux experts musicaux de tous bords que la troisième partie de Exogenesis est un plagiat du premier mouvement de la sonate numéro 14 opus 27/2 de Beethoven ("Clair de Lune"), de Liszt, de Rachmaninov, de Chopin...en gros de morceaux de piano de compositeurs classiques en adagio...
A noter que si apparemment Muse n'a aucun talent de composition, on ne peut s'empêcher de leur reconnaître un talent presque jamais vu dans la musique de réussir à plagier quelques dizaines de morceaux de grands compositeurs d'époques différentes en même temps.

On nous dit aussi que Undisclosed Desires est un plagiat de Depeche Mode...pour ce genre de truc je vous renvoie au dernier Rammstein, où vous pourrez entendre un véritable plagiat de Depeche Mode avec Haifish (et c'est pas une critique, c'est peut-être un des meilleurs morceaux de ce faible album). Et mieux, je vous renvoie à Never Let Me Down Again, un morceau de Depeche Mode...où ça on pompe Kraftwerk jusqu'à plus soif...à mon avis le titre le plus puissant de Depeche Mode.

Il serait grossier de conclure que le plagiat est le moteur de l'art, des groupes comme Oasis montrant bien que la soupe artistique n'est pas toujours bonne à prendre, mais on peut quand même s'entendre pour dire que l'on ne comprend rien à l'art quand on formule des critiques aussi nulles que celles précitées.

Un aparté alors au sujet de la faiblesse de la critique esthétique actuelle : je n'utilise pas souvent ce genre de mots, mais il est scandaleux qu'un mec comme Pierre Siankowski ait le droit d'écrire des critiques musicales dans un magazine comme les Inrockuptibles (même si tout le monde sait que ce magazine est une daube). Non mais sérieux, il est payé pour écrire ce genre de bouse. C'est lamentable. Un abruti qui n'y connait typiquement rien, en général c'est juste agaçant, mais quand le mec est chroniqueur dans l'un des plus gros magazines musicaux français...ça commence à être choquant. Lire des trucs comme "I Belong to You (sous-titré "Mon coeur s'ouvre à toi", LOL)" de la part d'un mec pareil...l'anonyme des Eternels a au moins le "mérite" d'aller voir sur wikipédia et d'apprendre que "Mon coeur s'ouvre à toi" est un classique de l'opéra. Mais Pierrot lui il est aux Inrocks, et du haut de ses 33 ans il est pas là pour apprendre, et puis c'est vrai qu'il aime que la hip-pop de merde (ce qui n'est pas un pléonasme), donc bon c'est sûr, la Callas ça lui dit pas grand chose...
Non Pierrot, supporter de Metz (qu'est-ce que ça peut nous foutre sérieux ?), lui il est juste là pour tirer sur les ambulances avec toujours les mêmes analyses lourdingues à base de d'humour "LOL" et les mêmes titres pipi-caca. Pour Muse c'est "La grippe A plutôt que Muse", l'année dernière il nous avait déjà fait "Le Buffalo Grill plutôt que Vincent Delerm ?", et pourquoi pas Jean Sarkozy plutôt que Pierre Siankowski ?...ok d'accord moi non plus j'aime pas Vincent Delerm, mais Pierrot Polakski est tellement naze que ça me donne envie d'aimer Vincent "je-suis-un-chanteur-à-texte-mais-mes-textes-sont-affligeants-de-nullité" Delerme...c'est dire. Et le pire c'est qu'à côté de ça il aime Vampire Weekend. Non mais quel naze. Vraiment Pierrot devrait se faire enfermer, et au nom de la musique, on devrait me nommer chroniqueur aux Inrocks à sa place.

Non décidément tous des brelles, car même du côté de l'écoute musicale pure, ça vole pas plus haut. A la rigueur qu'on me dise qu'on aime pas le chant de Bellamy, là je peux comprendre. Mais qu'on soit fan de Muse et qu'on déteste l'album...bon après vous me direz on a les fans qu'on mérite, et c'est vrai que ceux de Muse ont en moyenne la capacité d'écoute musicale d'un poisson rouge. Ok United States of Eurasia est ratée, je veux bien, mais l'album...sérieusement comment on peut adorer le groupe et dire un truc pareil ?

Je m'explique : cet album est l'album d'un groupe qui a rempli deux fois de suite Wembley et s'est alors permis de "se faire plaisir", "sans complexe". Par exemple leur symphonie, ça fait longtemps qu'ils ont envie de la sortir. C'est au moins une qualité sur laquelle tout le monde devrait se mettre d'accord. Et c'est aussi ce qui fait que la salve des fans du groupe contre cet album est idiote : comment critiquer l'album du groupe que l'on adore alors que c'est précisément dans celui-ci qu'il développe toutes les brides d'idées qu'il a eût jusque là ? Dire que cet album est mauvais c'est dire que Muse est mauvais. Vous l'aurez compris, c'est pas spécialement que ça me gênerait de dire ça, mais simplement qu'on arrête de nous emmerder avec toutes les critiques de puceau sur ce disque.

Globalement l'album est malheureusement un peu trop difficile d'accès pour le public habituel d'attardés musiens. On peut donc voir des morceaux comme I Belong To You ou la symphonie Exogenesis se faire maltraiter alors que ces pièces doivent faire partie du top des compositions du groupe.

Uprising, le premier morceau (et premier "vrai" single) est censé être de l'auto-plagiat...pour moi il est juste un titre pop (pas forcément dans le bon sens du terme) très réussi et surtout parfait pour ouvrir un album. Bon après le problème comme souvent avec Muse, c'est que quand Bellamy commence à chanter le morceau semble perde un peu de sa puissance (même si les couplets sont plutôt cool, chantés dans les graves, et non en mode chouniard). Parce que franchement, les 40 secondes d'intro sont du sommet pop. Je crois que les fans de Muse eux-mêmes ont du mal à saisir la force du truc. Bon après le reste du morceau c'est de la "bonne pop" comme on dit. C'est à dire que même si le chant peut paraître chiant, au final on en arrive vite à chantonner le refrain. Mais on se serait bien passé de la dernière minute un peu redondante.

Soit, la deuxième piste de l'album précise le "thème" de l'album. On nous avait parlé avant d'avoir entendu quoi que ce soit de l'influence de 1984 d'Orwell, ici on est fixé puisque Resistance raconte l'histoire d'amour entre Winston et Julia (protagonistes du livre). Contre la "thought police" ils clament ensemble : "Love is our resistance" dans un éclat typique de Bellamy où on aurait envie de le gifler. L'intro au piano fait un peu penser à du U2...mouais...

Undisclosed Desires, censé être un truc entre un plagiat de Depeche Mode et du mauvais r'n'b genre Timbaland est chiante dès le départ. Après les écoutes on peut finir par apprécier le refrain (le seul passage qui ressemble à peu prêt à du Depeche Mode) mais on ne pourra plus supporter le reste du titre...

La quatrième chanson est la si discutée United States of Eurasia. Bon passons sur Queen. Le morceau est assez "pompeux" comme on dit. Disons plutôt grandiloquent. A la rigueur c'est pas un problème en soi, ce qui est dommage c'est surtout qu'il manque de cohésion. On sent que le groupe a pas mal d'idées, ce qui est au départ n'est pas un mal, mais au final ça donne une trop grosse impression de raté. Doublement dommage car certaines idées, certains passages, sont vraiment bons. Et bon donc en outro un nocturne (et non "une", dédicasse à notre "spécialiste" de classique) de Chopin avec un réacteur d'avion...

Qui introduit le morceau suivant : Guilding Light. Autant être clair, c'est le pire morceau de l'album (avec Undisclosed Desires). Pas grand chose à dire, à part que le solo est pas mal. Au suivant.

Unnatural Selection est encore censé être de l'autopompage, ici du "mythique" New Born (Origin of Symmetry). Mouais, certes, le riff de guitare y ressemble dans la construction, mais après il faut être de mauvaise foi pour voir quelconque rapport. Muse joue un peu les bourrins, comme il l'a plus souvent fait en concert qu'en studio. Encore un bon point donc. A la fin c'est carrément du metal (si si). Cool.

Mk Ultra semble indiquer que Muse a décidé de faire un album qui ne devient réellement intéressant qu'à partir de la deuxième moitié. Un titre très efficace, entre pop, electro et heavy. Très efficace, si Muse avait un chanteur moins geignard que Bellamy vous pourriez être sûr qu'un morceau comme celui-ci ferait l'unanimité des amateurs des Beatles à ceux de Metallica. Et le groupe récidive en force en coda.

Peut-être pour renforcer le contraste quand prend place I Belong to You. D'entrée piano bar et gadgets féériques ce morceau semble fonctionner à l'éther pour s'envoler vers le sommet de l'oeuvre du groupe. Car ici à mon avis, Muse franchit tout simplement un cap dans son oeuvre. Sérieusement, et encore une fois, si le chanteur n'était pas celui qu'on connait tout le monde serait d'accord pour reconnaître à quel point ce truc est d'une grande classe. Le solo de clarinette est le plus beau moment de l'album.

Vient alors la fameuse symphonie qui dort dans les brouillons du groupe depuis un certain temps. Exogenesis se compose de trois parties.
Part I (Overture) est construite en crescendo et commence calmement (assez logiquement...) sous les cordes d'un orchestre, symphonique donc. Puis la batterie s'immisce assez naturellement, puis le falsetto de Bellamy qui magiquement, pour une fois, n'est pas horripilant. Le morceau prend encore doucement de l'ampleur avant de voir Dominic Howard jouer les Mike Portnoy.
Puis revient le calme, pour laisser place au piano dans Part II (Cross-pollination). A 1min50s Bellamy décide d'envoyer la sauce pour de bon en nous sortant une montée assez excitante suivant d'un déluge assez bien maîtrisé (rappelons que c'est Bellamy qui s'est occupé de tout dans cette symphonie, se passant même d'un arrangeur classique pour faire tout lui-même et ne pas perdre ce qu'il avait en tête).
Et le calme, comme leitmotiv, réapparait avec Part III (Redemption). Une nouvelle fois, une montée très bien amenée, belle et claire (de lune) ici, bande originale de la rédemption, à 1min35s.

Une symphonie pop qui achève l'album et confirme le sentiment d'une deuxième partie bien plus intéressante que la première. Et montre, avec des morceaux comme I Belong to You, que The Resistance n'est contrairement à ce que l'on dit (que ce soit ceux qui détestent le groupe ou ses adorateurs) pas en reste au niveau des compositions comparé à ses prédécesseurs. Si Muse, nous avaient montré qu'ils pouvaient sortir des morceaux avec à la fois l'héritage d'une construction prog et la simplicité et l'accessibilité typique de la pop, en sortant notamment Knights of Cydonia, sûrement l'un des meilleurs morceaux rock composés ces dix dernières années ; ils confirment cette tendance en l'appuyant avec The Resistance. On ne va donc pas se passer de redire qu'il faut être passablement con pour apprécier ce groupe depuis ses débuts et détester ou déprécier cet album.

Certes, il y a bien quelques faiblesses et l'album est clairement moins homogène que Origin of Symmetry. Mais son caractère hétérogène n'en fait pas nécessairement un moins bon album. Les sommets de l'un survolant quelques fois la qualité d'ensemble de l'autre.


Si c'est loin d'être le groupe qui m'intéresse le plus au final j'ai tout de même bien peur pour eux que Muse ne devienne le nouveau Pink Floyd : groupe au public si chiant et si con qu'il occulte la face cachée d'une lune discographique moins nulle qu'elle n'y parait.

Bref, avec tout ça, on sait toujours pas quelle est l'origine de la symétrie.