Comment Steve Lillywhite qui a participé à la conception de So Alone de Johnny Thunders et a produit des trucs comme les premiers XTC ou le premier Siouxsie & The Banshees en est arrivé à produire un des groupes les plus commerciaux dans le mauvais sens du terme, c'est une histoire que j'aimerais bien vous raconter. Mais en fait je m'en fous. Et puis on m'a demandé de chroniquer War, et c'est déjà bien assez chiant comme ça.

Le troisième album du groupe irlandais a acquis un statut d'album culte au fil du temps et la question à laquelle je vais tenter de répondre est : Pourquoi ?

Dans le cas où cette question ne vous intéresse pas je vous donne tout de suite la réponse : j'en sais rien. Cet album est clairement surestimé, comme le groupe qui l'a composé. A vrai dire, U2 est sûrement l'un des groupes les plus surestimés de l'histoire avec les Doors. C'est vrai, U2 c'est quoi au final, un groupe de quatre brelles (point sur lequel tout le monde normalement est à peu prés d'accord, même les fans, quoique forcement on arrive à en trouver quelques uns qui ont sont assez fanatiques pour prétendre le contraire) jouant de la soupe post-punk dans un groupe aux compositions moyennes qui au fil du temps va tourner à la recette et devenir le plus grand groupe de rock pour filles en faisant de le pop dans sa pire manifestation. En plus ils sont irlandais.

Cet album est le meilleur du groupe, et quand certains ne sont pas d'accord pour le dire ils admettent au moins que c'est celui qui est le meilleur au niveau du statut, notamment pour la carrière du groupe(ce qui ne veut pas dire grand chose, mais ce sont des fans de U2 après tout). Deux choses : oui c'est sûrement le meilleur album du groupe (et qu'on ne me réponde pas que c'est Achtung Baby (1991) ou Pop (1997) par pitié) et oui c'est clairement celui qui a fait explosé U2 médiatiquement avec les deux gros tubes Sunday Bloody Sunday et New Year's Day.
Et surtout, c'est celui qu'on va systématiquement vous sortir comme exemple pour vous montrer que U2 "c'est pas si mal", "au début ils ont fait quelques bons albums".

Soit, mais en fait bof...

L'album débute par le tube Sunday Bloody Sunday, qui encore une fois est l'exemple préféré de ceux qui veulent jouer les intéressants et faire croire qu'ils connaissent quelque chose à la musique. En plus c'est super cool il y a une "conscience politique" dans ce morceau qui décrit l'horrible Dimanche (jusque là tout va bien) 30 janvier 1972 à Derry. Ouais, tuer des gens c'est mal, merci U2. Même que le rythme de la batterie est censée symboliser la marche militaire. Sont balèzes les mecs.
Bon à part ça c'est clair que c'est pas mal comme morceau mais ça reste vraiment le cliché du gros tube. C'est à dire qu'on pourra l'aimer un petit moment mais qu'au final ça lassera assez vite, ce qui est assez logique vu que le morceau tourne en rond pendant près de cinq minutes.

C'est pareil pour New Year's Day sauf que ce morceau est encore moins bon que Sunday Bloody Sunday. Il est cependant intéressant pour comprendre ce qui a fait le succès de U2. New Year's Day c'est le morceau "typique à la U2", "le son U2". Du rock simpliste à la sonorité électro, avec la batterie monotone de Larry Mullen, le chant ennuyeusement démonstratif mi-crooner mi-gueulard de Bono et surtout le légendaire The Edge où l'escroquerie guitaristique la plus formidable de l'histoire du rock (ah oui ils ont un bassiste aussi il parait).

Franchement, je veux bien qu'on puisse penser que la technique ne fait pas tout et qu'on aime The Edge pour son style "minimaliste" même si l'on ne connait pas Erik Satie ne serait-ce que de nom, mais il faut pas se foutre de la gueule du monde et arrêter de le faire passer pour un grand guitariste. D'abord la seule technique qu'il a, c'est celle de ses pédales d'effets, ensuite il est incapable de varier son jeu, mais surtout son apport musical au niveau de la composition ou de l'interprétation guitaristique est nul. Super, les arpèges on connaissait déjà, merci mon vieux. Et c'est pas en les jouant avec une grosse saturation ou un son électronique que tu révolutionnes la guitare. Puis cette manie de faire passer sa pauvreté technique pour de l'inspiration c'est ridicule. Comme cette interview où il dit qu'à la fin de With or Without You il aurait pu joué un solo mais qu'il a trouvé que finalement jouer trois notes d'arpèges c'était plus profond. Ok c'est clair que ça aurait sans doute été too much mais faudrait pas nous prendre pour des cons non plus. Hey, même Steve Jones (Sex Pistols) savait faire un solo mec. Et qu'on me réponde "bah t'es pas obligé de faire un solo dans un morceau de rock" ou pire "c'est la preuve que U2 c'est pas un groupe à la mode puisqu'à l'époque tous les groupes de rock abusaient de technique et de solos de guitare" que je rigole, car soi-disant (ce qui ne veut pas dire qu'il ne l'a pas dit, mais qu'il est peut-être tout simplement trop nul pour faire ce qu'il a "choisit" de ne pas faire) monsieur n'est pas démonstratif techniquement parce que...trop de groupes étaient dans ce créneau et qu'il fallait un autre truc pour que U2 se démarque. Ouais, c'est de l'étude de marché, ni plus ni moins. Quand je disais que U2 est "l'un des groupes les plus commerciaux dans le mauvais sens du terme" je ne m'avançais pas trop.

Cool, donc The Edge est une buse ? C'est pas ce que j'ai envie de dire quand j'écoute Like A Song. Putain ce morceau est vraiment bien. Le riff est super, la construction puissante, soutenu par Mullen toujours aussi limité et Bono toujours aussi gueulard mais ici tout colle à merveille. Et puis, oui le solo est d'une simplicité extrême mais merde qu'est-ce qu'il est bien. Le seul petit défaut c'est que la fin peut sembler un peu chiante. Mais c'est clairement le meilleur morceau de l'album et de U2.

Parce qu'après, bon il reste quoi, Seconds, le deuxième titre (l'humour britannique...), où on apprend qu'en fait ils ont un bassiste dans le groupe, un petit rythme sympa qui "balance" mais qui reste anecdotique.
Drowning Man aussi. Au départ ça commence plutôt pas mal, avec une ambiance intéressante appuyée par un chant de Bono sobre cette fois-ci qui fait penser que le tout vient directement d'un groupe de la coldwave (et la production n'a pas rien à voir là-dedans sans doute) mais à l'image de cet album Bono fait tout foirer en gueulant comme un boeuf. Bono, si tu t'en tenais à chanter comme au début de la chanson tu serais un bon garçon, merci. Bref au final c'est chiant.

Puis The Refugee, mon dieu quelle horreur. Two Hearts Beat As One est intéressant, mais pas musicalement. Ce morceau nous fait juste comprendre à quel point cet album et ce groupe sont nuls. Parce que dès le départ on voit que Larry Mullen fait toujours la même chose, et que c'est soporifique. Et puis parce que c'est pareil pour tout le reste du groupe. Et donc musicalement, c'est à chier.

Comme toute la fin de cet album de toute façon.

Red Light est difficile à écouter en entier dans la mesure où on a envie de la zapper dès les premières secondes avec ses petits chants et ses choeurs ridicules qui font office d'introduction avant l'entrée en matière de super-gueulard et de super-boite-à-rythme. Ensuite vient toute la quintessence de la ringardise du rock des 80's...entre (rappellons le) batterie-boîte à rythme, guitare au son insupportable, breaks ridicules juste avant un solo de guitare pourri...et qui a eût l'idée de foutre cette trompette ici ? C'est horrible.

Surrender est nulle et ''40'' aussi, c'est tellement évident que je vais pas me fatiguer plus longtemps parce qu'à ce stade de nullité ça pourrait presqu'en devenir énervant.

Oui U2 c'est naze preuve en est leur album culte. Et puis pour ceux qui voudraient achever de démontrer que U2 est un grand groupe en nous disant qu'il a eût énormément d'influence par la suite on pourra répondre rapidement qu'à par des petits groupes merdiques et les culottes de ses auditrices U2 n'a pas influencé grand monde. Ah si, y a bien le créateur de One Three Hill (les Frères Scott en français) qui a donné ce nom à sa série parce qu'il écoutait le morceau de The Joshua Tree (l'album naze de 1987 avec le super tube With Or Without You) quand il a pensé à sa bouse télévisée. Merci U2 !


Voilà, c'était l'histoire de l'album culte de U2. Un album inécoutable en entier.


_ "How long must we sing this song ?"

_ Too Long.

15 Comments:

  1. BEBOPER said...
    Oh Oui ! Ooooooooh oui ! Oh que je suis content! Quand on passe vingt ans à être seul, coupé de l'humanité, seul à dire que U2 est NUL, tu peux pas savoir combien ce genre d'article fait plaisir à lire. Mais bien sûr qu'ils sont nuls ! Bien sûr, c'est évident, il suffit d'ouvrir les oreilles ! U2 est le groupe qui a fait la plus longue carrière avec LE MEME MORCEAU ! Car ils refont sempiternellement le même truc, c'est affligeant. Et je ne parle même pas du personnage de Bobo, tête à gifles mondialisée, ni de celui de The Edge, le plus incompréhensiblement apprécié des gratteux. The Edge... Woputain !
    Dans toute l'histoire du rock, les brêles ne manquent pas. Mais les deux plus grosses brêles, celles qui me vrillent le plus les oreilles sont aussi celles que tout le monde semble apprécier plus que tout: U2 et Bruce Springsteen. Qui m'expliquera ce mystère...
    DT said...
    J'ai un peu plus de sympathie pour Bruce Springsteen, même si je pense globalement pareil à son sujet.
    Anonyme said...
    A quand une critique d'un vrai album genre Birds of fire de Mahavishnu orchestra ou Red de King Crimson ?
    DT said...
    Pour l'instant je fais dans le mainstream. Et puis si c'est pour dire que Red c'est génial, à quoi bon.
    Nebo said...
    U2 ont une Sainte trilogie, instant unique dans l'histoire de la musique. Et non, ça n'est pas, pour moi, "joshua tree" et encore moins "War"... c'est "Achtung Baby", "Zooropa" et "Pop", un groupe qui devient un peu plus adulte et cynique. Une musique qui fait oublier les états d'âme de Bono qui allait embrasser une fan pleurant à la barrière du public, et autres genres de fadaises. Ce qui se passe avec ces trois disques est vraiment incroyable et unique, profond, instantané et qui traverse les années. Les sons, les grooves, les sons. La basse impeccable et Bono qui a cessé de hurler comme s'il était au sommet d'une montagne. Enfin. Quant à The Edge, technicien guitaristique pitoyable, il a su transformer ses lacunes en une force redoutable en parsemant son jeu de sonorités uniques qu'aucun autre guitariste ne parvient à reproduire au-delà d'une singerie mal léchée. Et depuis "Pop" ? Rien de neuf sous le soleil. Les trois disques sortis depuis ont tous fait "Plouf !" comme des poufs.
    DT said...
    "oui c'est sûrement le meilleur album du groupe (et qu'on ne me réponde pas que c'est Achtung Baby (1991) ou Pop (1997) par pitié)"

    J'avais prévenu pourtant.

    Juste une précision, quand tu dis "U2 ont une Sainte trilogie, instant unique dans l'histoire de la musique" tu veux dire que cette trilogie est unique dans l'histoire de LA musique ou de U2 ?
    Nebo said...
    De la musique pop en général. Non, mais franchement, j'aime tenir tête. Avant ces albums-là, je ne pouvais pas supporter les envolées vocales emphatiques et les guitares aux sons clairs et aux échos répétitifs. De la musique pour jeunes filles un peu rondes et à l'acné prolifique. Certes, sur leurs disques il y a ça et là quelques titres qui dégagent une certaine force ("Bullet the blue sky"), mais en général ça me laissait froid comme le marbre.

    Et justement, sur "Achtung baby", "Zooropa" et "Pop", ils ne refont pas les mêmes morceaux. Et depuis ? Ils se sont remis à refaire les sempiternels et éternels mêmes morceaux, avec toujours une ou deux petites exceptions qui ne sufisent pas à sauver les albums.

    Par contre Bruce Springsteen, je suis pas du tout d'accord. Il est pour moi, après Dylan, dans le peloton de tête en matière de songwriting. Des textes lumineux qui disent des choses essentielles sur la condition humaine. Mélodies belles et simples, histoires racontées dont on se souvient ("The River"), arrangements extravagants (voyez l'album "Born tu Run"), tourments christiques (l'album "Human Touch"). Mais il aime Obama, bon grand bien lui fasse.

    Le groupe dans lequel j'officiais comme guitariste on a repris quelques morceaux de U2, mais je n'ai jamais voulu faire "Where the streets have no name" par exemple, ou d'autres morceaux pompeux de cet ordre, par exemple. Springsteen, par contre, n'importe quel morceau, ou presque, aurait fait mon affaire.

    "Red" de King Crimson, c'est du Heavy Metal du 22ème siècle ! Ils ont une énorme longueur d'avance sur tout le monde. Et je crains même que ce ne soit pas en ces termes que leur musique puisse être analysée. Je crois, plus simplement, que Fripp fait la musique qu'il a dans son univers, dans sa tête, dans ses fluides lymphatiques, dans ses palpitations cardiaques, et le public suit ou ne suit pas.

    J'aime beaucoup la formation du tout début des eighties...

    Discipline (1981)
    Beat (1982)
    Three of a Perfect Pair (1984)

    Mais tout ce qu'ils ont pu entreprendre et réaliser survole tout parce que c'est de qualité et que c'est INCLASSABLE.

    Le travail qu'a fait Fripp, aussi, avec David Sylvian est remarquable.
    DT said...
    Ouais voilà, vive King Crimson et ses deux trilogies géniales.
    dom's said...
    Salut DT,
    'Tin ça c'est de la chronique qui fendille bien le placo, je connais très mal U2, je n'ai qu'un cd d'eux (mais je n'ose pas le citer, vu ta chro...).
    Sinon, je lis qu'on évoque ici la trilogie de KC qui m'a toujours explosé ...
    Discipline (1981)
    Beat (1982)
    Three of a Perfect Pair (1984)

    Et c'est bien.
    @+
    :-)
    DT said...
    Tu sais très bien que je suis un gros fan de King Crimson dom's. Et pour cette période dont on parle je m'écoute justement l'audio du DVD du concert au Japon en 84 ( Neal & Jack & Me). C'est surpuissant, notamment Lark's Tongues Part III où Fripp se lache comme un fou dans la deuxième patie et redonne un intérêt magistral à ce morceau qui peut paraître un peu plat en studio (sur Three of a perfect pair).

    Au fait je voulais mettre ton blog dans mes liens mais tu ne postes plus si ?
    Anonyme said...
    Oui, je savais pour KC ;)
    La première fois que j'ai écouté Neal & Jack & Me, je suis total tombé à la renverse, de l'esthétique minimale de la pochette et ce clin d'oeil à la beat génération, à la puissance du duo Bruford/Levin à côté des drivers Fripp/Belew en état de grâce, une homogénéité incroyable de modernité féline, je ne m'en suis jamais remis. Vrai.
    Sinon il est toujours vivant mon blog mais je m'étais arrêté à Arve Henriksen, il faut que je m'y remette, je m'éparpille trop. J'ai rajouté ton lien chez moi, c'est déjà une ébauche de reprise d'activité ça non ? :-)
    (disait-il, en grosse feignasse qu'il est...)
    A+
    Anonyme said...
    Enfin une critique décente de U2, j'ai jamais compris cet engouement débile pour la bande a Bono et leur populisme affligeant.
    Anonyme said...
    Qu'on aime U2, je peux l'admettre, chacun ses goùts. Mais là, je trouve cette critique totalement ridicule digne d'un gamin de 12 ans.

    Tu n'aimes pas les chansons à message? C'est ton droit mais alors ne me dit pas que les chansons à beaux textes sortent du répertoire d'Eminem, 50 Cent, Maria Carey ou autre pseudo chanteuse française.

    Donc Sunday Bloody Sunday. Je suis batteur depuis l'âge de 6 ans. J'ai découvert cette chansons à l'âge de 8. Quel choc. Un beat inoubliable. Un des meilleurs qu'y ai jamais existé (et je m'y connais) ;-) Larry Mullen Jr, qui, je te l'accord, n'a pas toujours des supers parties à jouer, a trouvé là LE beat des années 80. C'est un des meilleurs avec des beats de Copland, Bonahm, Moon, Mitchel,...

    Ensuite tu parles de The Edge. OK, il n'est pas une super bon guitariste, je suis d'accord. Mais ça n'en reste pas moins un super technicien qui trouve toujours le bon son. Il a le mérite de trouver le son qui va s'accorder avec le reste.

    Et puis tu parles d'un Bono gueulard. On ne peut pas vraiment lui reprocher, il gueule sur les chansons qu'il faut. Au contraire, il sait poser sa voix sur des chansons plus harmoniques (j'y reviendrai après). C'est le style U2. On aime ou pas mais on ne peut pas leur reprocher ça. Jamais je n'irai reprocher à un rappeur sa manière de faire même si j'ai le rap en horreur.

    Pour les harmoniques, c'est pareil. C'est le style U2. Pas toujours des solos ou autres parties de guitares très recherchées mais, avec le reste, ça forme des chansons fabuleuses.

    En gros, tu reproches surtout des trucs assez stupides finalement. On aurait du reprocher à John Bonham de trop en faire dans Led Zep, et la même chose à Jimi Page. Et dans ce domaine, les exemples ne manquent pas.

    Et enfin, on ne peut pas reprocher au groupe de faire tout le temps la même chose. Compare War à Achtung Baby, à Pop, à No Line On The Horizon et tu verras que tout est très différent même si on retrouve sur plusieurs morceaux la touche U2.

    Enfin bref, une critique de merde pour un album qui ne l'est pas.
    DT said...
    Après enquête, notre courageux "anonyme" est belge et a 19 ans, ce qui en lisant son commentaire parait plutôt logique.
    "OK, il n'est pas une super bon guitariste, je suis d'accord. Mais ça n'en reste pas moins un super technicien qui trouve toujours le bon son." est mon moment préféré, c'est beau comme un solo de The Edge.
    Mr Prog said...
    les veaux écoutent U2, les êtres humains écoutent The Sound :P

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