A la demande de je ne sais plus qui (désolé pour lui/elle), la chronique de Let It Be des Beatles :


Le dernier album des Beatles (mais avant dernier dans la composition) est "polémique".
J'explique : il est clairement mieux que les tous premiers albums des "Fab four" qui sont des albums principalement composés de reprises (comme Twist And Shout sur leur premier disque, Please Please Me, en 1963) mièvres et de compos pas forcement plus intéressantes mais il a pourtant acquis la réputation d'être le "pire album des Beatles".

Pourquoi ? A mon avis c'est assez simple : c'est le seul où les Beatles chutent de si haut.

Car qu'on en dise ce qu'on en veut, groupe "à minettes" "niais" (ce qui n'est pas forcement faux...si on s'arrête en 1964) ou d'autres conneries, les Beatles sont un grand groupe. Et je veux dire par cela, pas parce qu'ils ont vendu beaucoup, beaucoup d'albums, mais parce qu'ils ont fait de grands albums et ont su expérimenter contrairement à ce qu'on pourrait penser si on croyait que les Beatles c'est She Loves You et Yesterday. Sgt. Pepper’s Lonely Heart’s Club Band (1967) est souvent cité comme le fondement du rock progressif et comme le premier concept-album de l'histoire (ce qui est plus sujet à discussion, beaucoup soutiennent que c'est Pet Sounds des Beach Boys sorti un an plus tôt). Tout ça pour dire que les Beatles, à partir de 1965-1966, ont énormément expérimentés et par le fait ont radicalement changés la Musique. Et puis un groupe qui sort 13 albums en 7 ans pour moi c'est toujours un signe. Enfin...tout ça pourra sembler être un tas de banalités sans noms si l'on pense par exemple au mot de Lennon qui dit que les Beatles sont plus connus que le Christ, mais au vu de ce que l'on peut entendre assez régulièrement sur le groupe il fallait que ce soit dit.

Le problème de Let It Be est donc ici. Les Beatles "régressent". D'ailleurs, ce projet de McCartney seul, devait au départ s'intituler Get Back. Déçu par le refus de ses collègues de renouer avec le public et les tournées, Paul propose de filmer la conception d'un album au "jour le jour". Au final ça donnera plus de 100 heures d'images...pour 2 heures de film. Les studios de Twickenham (où ils déjà avaient tournés A Hard Day's Night [Quatre Garçons dans le Vent en français...] et Help) sont le théâtre des opérations en ce début de Janvier 1969.

Théâtre, c'est le bon mot. Certains, les "fans absolus", y verront en effet une tragédie...d'autres une comédie. Ce qui est sûr c'est que l'ambiance est rarement bonne. Paul dirige manifestement son projet à la baguette et utilise notamment George Harrison comme musicien de studio plus que comme son ami membre du groupe au même titre que lui, Yoko Ono est toujours là (un jeu marrant en regardant le film, est de trouver "où est Yoko ?" étant donné qu'elle est sur tous les plans...derrière le piano ? la batterie ? un ampli ? je vous laisse vous amuser si ça vous dit...) à coller Lennon (elle va jusqu'à dormir dans le studio pour ça) et se permet même de juger les compositions ce qui énervera Harrison et Ringo Starr qui quitteront le studio.

A n'en pas douter, Let It Be, c'est aussi l'album qui souffre le plus des tensions entre les membres du groupe dans le trio White Album/Let It Be/Abbey Road (qui n'existe pas).

Twickenham c'est pourri, on décide donc de continuer dans le super nouveau studio Apple. George revient et ramène Billy Preston. Tout ça adoucit notre beau monde même si l'ambiance n'est plus la même qu'avant. Et pour le coup, le 30, Get Back sur scène, Get Back la bonne ambiance. Le dernier concert "mythique" des Fab sur le toit d'Apple, interrompu par la Police, est le meilleur moment du film...et sa fin.

Get Back ne sort pas. Abbey Road sort. Après deux tentatives infructueuses de Glyn Johns, Phil Spector est appelé à la rescousse pour enfin sortir ce Get Back. L'album devient Let It Be. Le citer n'est pas juste histoire de fanfaronnade. Déjà, sur toute album la production est un point important, mais il est évident qu'avec Let It Be cette vérité prend de l'ampleur. Le fait que le mixage de Spector, particulièrement sur The Long and Winding Road qui tenait à coeur de Paul, soit une des derniers causes de divisions du groupe et que Paul sortit en 2003 une version "recorrigée" de l'album (Let It Be...Naked) sont des signes assez...significatifs du "Spector's Factor" (je crois pas que cette expression existe déjà, alors j'y mets un droit d'auteur, parce qu'elle claque).

Globalement, Spector fait quand même un bon travail, surtout sur le choix de pistes (mais pas sur leur agencement, Get Back en ouverture, sur Naked, est par exemple un choix plus judicieux que Two of Us) et surtout comparé au travail de Glyn Johns.

L'album démarre donc par Two of Us, une composition de Paul (comme presque tous les morceaux du disque de toute façon), ballade plutôt sympathique. Dig A Pony, de Lennon, commence sur les chapeaux de roues avec une intro qui remue bien, mais s'essoufle vite. Pas grave, on a quand même pu remarqué que George avait rapporté de ses jams avec son pote Eric Clapton un solo bien bluesy...on verra par la suite que ce n'était pas anecdotique, ce sera d'ailleurs un des points positifs de cet album. Across The Universe, rescapée des sessions du White Album, me parait absolument insupportable. C'est précisement un des morceaux où Spector gache tout avec sa production et son fameux "Wall of Sound"...mais John Lennon trouve lui le résultat réussit. L'abruti. En plus, c'est un titre prétendument philosphique inspiré du gourou Maharishi Mahesh Yogi...je vous laisse aller voir le niveau des paroles par vous-mêmes... I, Me, Mine est un rock religieux pas spécialement terrible. Dig It, comme Maggie Mae sont des morceaux sans intérêt qui servent de l'avis de tous de remplissage...la première fait 50 secondes, la deuxième 40 secondes. J'appelle pas ça du remplissage. La seule chose que j'ai à dire sur ces trucs c'est que Dig It est tiré d'une prise de...15 minutes. Je trouve ça marrant. Ahaha. Entre les deux se trouve Let It Be, un des morceaux les plus connus du groupe, estampillé Macca, belle ballade "philosophique" avec Billy Preston à l'orgue gratifiée d'un très beau solo de George Harrison. I've Got A Feeling est un des meilleurs morceaux de l'album. Un bon rock où Paul se lache et crie de manière jouissive (et où George est encore très fort). Un goût de "get back", si seulement l'album entier était dans cette veine. On comprend que le projet de Paul fût bien gaché... One after 909 est une vieillerie ressortie durant les sessions de Get Back qui ne présente pour seul intérêt que le solo de George à la minute et demie. The Long and Winding Road...le plus beau morceau de l'album et peut-être des Beatles. Un morceau très important pour Paul, très personnel. Un peu gaché encore une fois par Spector. Certains, Paul évidemment, diraient massacré. Oui, la version de Naked est clairement mieux, mais ça ne va pas plus loin. En tout cas c'est clair qu'on se passe très bien des violons et des choeurs nazes sur "many times i've been alone, many...". For Your Blue, deuxième composition signée Harrison de l'album, un blues lassant. Get Back conclue l'album. Rien à y redire, encore un classique justifié du groupe, puissant et efficace. Billy Preston montre encore toute son "utilité" (entre guillemets, car le terme n'est pas très gracieux pour un artiste...).

Un album marqué par son "histoire", ses multiples péripéties, les tensions internes du groupe. Un album assez hétérogène mais qui laisse surtout un impression de déception. Un album qui sonne la fin des Beatles en somme...

8 jours plus tard, les Beatles se séparent officiellement.




The Long and Winding Road, sans Spector.


The long and winding road that leads to your door
Will never disappear, I’ve seen that road before
It always leads me here, leads me to your door


The wild and windy night that the rain washed away
Has left a pool of tears crying for the day
Why leave me standing here, let me know the way


Many times I’ve been alone and many times I’ve cried
Anyway you’ll never know the many ways I’ve tried


And still they lead me back to the long winding road
You left me standing here a long, long time ago
Don’t leave me waiting here, lead me to your door


But still they lead me back to the long winding road
You left me standing here a long, long time ago
Don’t keep me waiting here, lead me to your door

Pour Samuel : Macca est autrement plus puissant que Lennon et sa conne de Yoko :




En plus Lennon il est mort. C'est nul.



Pour mon pote Razor, qui m'a filé un très bon bootleg de Johnny Thunders, voici la chronique de So Alone du même monsieur.

Bon je pourrais révolutionner la philosophie mais au lieu de ça, j'écris des chroniques musicales...Tiens, dans la dernière, je parlais de Television, le groupe new-yorkais. Bah justement, Thunders est un ancien des New York Dolls (et là vous vous dites "wah, mais c'est quoi cette transition de merde ?" et vous avez parfaitement raison dans un sens, mais moi je vous réponds fuck off, parce que je suis en train de chroniquer un album d'un "parrain" du punk et que du coup j'ai le droit d'être paresseux et de faire des transitions pourries si je veux, bande de méchants personnages [bah oui, faut pas y aller trop fort non plus, je pourrais perdre des lecteurs, et ça, même un punk ne le voudrait (parce que bon, vous croyez que les punk ils faisaient tout ça pour quoi ? pour la révolution ? mon cul ! ils faisaient juste ça pour la thune, je vous le dis moi [parce que, en fait au fond les "rebelles" c'est toujours la même rengaine, ils prétendent se rebeller contre un ordre établi, des valeurs, un "système", mais leur rébellion n'est qu'une retranscription sémantique d'un processus physiologique tout con : la frustration, je vous le dis net ! la frustration de ne pouvoir faire partie de ce "système" et de ne pouvoir en profiter, du coup ils s'y opposent en acte, avec violence, mais au final ils ne font que l'alimenter puisqu'ils le désirent (ce qui montre très bien une chose : les actes ne prouvent rien)])], si je veux, je peux aller jusqu'à écrire une parenthèse énorme et lourde, et même pousser le vice jusqu'à mettre plusieurs parenthèses dans cette parenthèse et après faire comme si de rien n'était : et ouais, c'est ça être punk, okay ?) un des groupes fondateurs du punk, new-yorkais donc. Bon le lien ne s'arrête pas là. Johnny quitte le groupe en 1975 en embarquant le batteur Jerry Nolan dans son étui à guitare pour fonder The Heartbreakers avec Richard Hell (qui avait apparemment une passion pour fonder les groupes et s'en barrer sans participer à un album puisqu'il avait déjà fondé Television avec Verlaine deux ans auparavant et deux ans avant la sortie de leur premier album et qu'il fonda The Vovoids...en 1975) qu'il rencontra précisément au CBGB's où les deux groupes se représentaient. Malcolm McLaren, un mec plus cupide que tout Pink Floyd réuni, ancien manager des Dolls, et alors manager des Sex Pistols (et "accessoirement" compagnon de Vivienne Westwood...), les invite à participer à l'Anarchy Tour (avec notamment les Clash et les Buzzcocks) à Londres en 1977. Ils en reviennent avec l'album LAMF qu'ils sortent la même année (et sûrement des cartes postales de Big Ben et du Trafalgar Square).

Thunders lui, a remporté Steve Jones et Paul Cook (respectivement, le guitariste et le batteur des Sex Pistols) pour son premier album solo qui sort en 1978. En effet, ils prêtent main forte à Thunders pour la sixième piste de So Alone, London Boys, réponse en forme de "You're telling me 'shut your mouth' You're little London boys" aux "You better keep yer mouth shut" de New York, l'avant-dernier titre de Nevermind The Bollocks des Sex Pistols (détails intéressants si vous rencontrez un extrémiste punk anglais ou punk américain [si si, ça existe] qui croit qu'il faut systématiquement faire la guerre à "l'autre camp").
Mais les coups de mains ne s'arrêtent pas là, car "So Alone", Thunders n'en n'est pas moins très bien accompagné. Parmis une pléiade de noms familiers on retrouve Phil Lynott, le leader de Thin Lizzy, Steve Lillywhite le super-producteur punk/new-wave et Chrissie Hynde du groupe oublié The Pretenders.

Tout ça pour dire que cet album n'est pas monolithique. Certes, c'est du punk et des morceaux comme Leave Me Alone ou Subway Train, sorti du répertoire des Dolls (je compte pas London Boys, une parodie des Pistols), en attestent bien. Mais, notamment par le biais des reprises, on passe facilement d'une chose à son contraire.
Démonstration : On commence par une reprise surf des Chantays avec Pipeline, puis You Can't Put Your Harms Around A Memory, une ballade punk (?) de Thunders (il dira de ce morceau qu'il est le meilleur qu'il ait jamais composé), suivie d'une reprise des Shangri-Las qui bouge bien. Après vient Ask Me No Questions un truc un peu raté et Leave Me Alone un bon gros punk avec un bon, très bon solo.
Oui, un détail, Johnny Thunders est un putain de bon guitariste. D'ailleurs, vient (She's So) Untouchable, le huitième morceau de l'album, qui est une très bonne composition appuyée d'un saxophone (vous avez dit punk ?). Enfin on nous rebalance du Dolls avec Downtown...mais à la rigueur c'est toujours bon à prendre, parce que l'élément à noter avec cet album, bien plus réussi au niveau de la prod que LAMF et tous ses remix, c'est que l'interprétation est impeccable. C'est sûrement ce qui fait que cet album est une petite merveille, les compos originales ne formant même pas la moitié des pistes et l'ensemble étant assez inégal, passant de trucs grandioses comme You Can't Put Your Harms Around A Memory à des trucs plus passables comme Ask Me No Questions.


Marquee Moon est un album génial pour les critiques : c'est un grand album que personne ne connait, et que personne n'écoute. Philippe Manoeuvre lui-même ne s'y trompe pas en le citant dans sa "discothèque rock idéale" (ou comment se faire de l'argent facile en ressortant tous les poncifs classiques des rock critics alors même qu'on a chié sur certains groupes/albums cités pendants des décennies).

Ainsi toutes les chroniques de Marquee Moon sont identiques :

"Television est un groupe de new-wave/punk new-yorkais de la fin des années 70 (note : c'est en gros un pléonasme) qui sortit en 1977 un des plus grands albums de tous les temps, Marquee Moon. Sous l'influence de Patti Smith et de Lou Reed cet album est l'album d'un groupe éphémère où Tom Verlaine, le leader du groupe, poète, livre des textes sublimes de romantisme exacerbé tout en jouant à merveille avec son guitariste Richard Lloyd.
Un des plus grands albums de tous les temps. Surtout si vous ne le connaissez pas.
Ah, j'ai oublié de dire qu'ils ont fait partie des groupes mythiques qui ont joués dans la salle mythique du CBGB à New York. Vous saviez pas hein ? Bah moi si.

Philippe Manoeuvre"



Bon, Tom Verlaine est bien sûr un nom de scène...présenter Tom Miller comme un "poète" et un "romantique" est donc un peu de la paresse intellectuelle. Enfin passons.


Les solos de Lloyd sont globalement supérieurs à ceux de Verlaine, notamment celui du dernier morceau, Torn Curtain, qui a sûrement dû tirer plus d'une larme. Le fait est peut-être plus flagrant sur le titre éponyme (ou homonyme, on sait pas vraiment), où ils se partagent la vedette solistique. Tout le reste du temps, leur complicité étonnante rappelle un peu le duo Collins/Rossington de Lynyrd Skynyrd sans atteindre le même niveau technique.
Le chant aigu d'écorché-vif très "new-yorkien" et proto-punk (oui, ça ne veut rien dire) de Verlaine pourrait en rebuter quelques uns. Mais paradoxalement il est plutôt doux et sa justesse associé aux paroles "travaillées" servies par des mélodies efficaces lui donne une ampleur . On pourrait résumer cet album par cette tension, punk-romantique. On pourrait aussi ne pas être une caricature de rock critic et tout simplement décrire cette tension sans jargon : un album à la fois doux et enragé.


Au final, Marquee Moon est un disque attachant, qui ne bouleverse certainement pas l'histoire de la musique, qui est comme l'album unique d'un groupe "éphémère", qui reste enfermé dans la même chose pendant 45 minutes, mais qui reste toujours très plaisant à écouter et à entendre.

Ségolène Royal nous avait montré le résultat de stages intensifs au Jamel Comedy Club en Septembre dernier. Mais comme vous êtes des lecteurs intelligents et cultivés (puisque vous lisez mon blog), vous n'êtes sans savoir que les rois du domaine sont les américains.

La preuve en image :



John McCain est hilarant. Certes, ses textes sont sans doute écrits par une troupe de comique, mais :

- ceux-ci sont clairement plus doués que ceux de Ségolène
- ceux-ci sont également plus doués que ceux de Barack Obama (qui reste très drôle, notamment sur le coup du "Barack Steve Obama", contrairement à Ségolène qui est simplement pathétique)
- John McCain est un bien meilleur acteur que Barack Obama

Le seul qui leur arrive à la cheville en France, c'est notre cher président et ses talonnettes décomplexées.

De toute façon, Obama n'a pas besoin d'être drôle ou bon politique. Même s'il décrit cette qualité comme un défaut dans son discours-sketch, il est beau, et c'est tout ce qui compte...

Encore un bilan de santé de la pensée au pays des Lumières.

En France, l'esprit critique est poussé à ses sommets : la preuve, tout le monde aime Obama. C'est merveilleux. Il est noir, il est beau, et il est de gauche. Mais plus que, ça : il est l'espoir. Le grand messie. C'est lui, le sauveur qui va regonfler les Etats-Unis et donc le monde entier, qui va arrêter le bellicisme à outrance des américains et instaurer la paix jusqu'en Palestine, qui va stopper le terrorisme, qui va se réconcilier avec le vieux continent et surtout avec notre beau pays que les méchants réacs (néo)conservateurs comme McCain détestent tant. Libération l'aime. Sarkozy l'aime. Le Monde l'aime. Segolène l'aime (oui, vous allez me dire, elle aime tout le monde en ce moment..."Fra-ter-ni-té"). Le Figaro l'aime. Les artistes l'aiment. Les femmes l'aiment. Les bobos l'aiment. Les anti-américains l'aiment. Le Pen l'aime.
La France aime Obama.

Alors qu'en fait, Obama, il est nul (McCain aussi hein).

Enfin bon..

Sketch hilarant des Monty Pythons prouvant (s'il en est besoin) que la plus haute ("chiante") pensée n'est pas incompatible avec l'humour le plus "drôle"...voire qu'ils sont étroitement liés :

Bon, sous la pression constante dont je fais l'objet et les lettres de menaces (pleines de fautes d'orthographes...) que je reçois tous les jours, ma lâcheté aidant, je me vois contraint de vous fournir la playlist officielle (officielle de quoi ? c'est une bonne question, mais est-ce si important ? voulez-vous réellement ruiner mon effet ?) de la rentrée 2008 immédiatement. Le "thème" est "joyeux", donc évidemment c'est n'importe quoi. Mais au final, ça donne une sélection qui relève du génie, ni plus ni moins. Avec des purs sons de oufs qui niquent leur race, du rap "old school", du jazz fusion, du rock avec des guitares bien grasses et même de la new-wave (bah ouais !). Attention, écouter cette playlist en entier c'est prendre le risque de me vouer un culte, un culte au détenteur le plus éloquent et le plus manifeste du bon goût sur cette pauvre planète torturée par notre misérable espèce de nihilistes passifs amateurs d'électro-rocko-hiphopopo-soupe et de Bernard Werber.
Si vous avez des questions au sujet des morceaux ou des groupes concernés, n'hésitez pas à me les poser, je me ferais un plaisir de frimer en étalant ma culture (grande et magnifique). Mais ne vous plaignez pas de la longueur de cette sélection, sinon ça va barder, bande de malpolis.
Dernière chose : montez le son à fond les ballons !



PS : bordel, TOUT est absolument cool dans cette playlist. C'est bête à dire mais je me bluffe moi-même tellement je suis bon. La vache, qu'est-ce que je suis bon. Impressionnant.

PS2 : mais merde même dans mon postscriptum je suis bon. C'est incroyable ce que je suis génial. Criez-le sur tous les toits.

Fragment des Minima Moralia :


84. Emploi du temps. - Il n'est sans doute rien qui distingue aussi profondément le mode de vie de l'intellectuel de celui du bourgeois que ceci : le premier ne reconnait pas l'alternative entre le travail et l'amusement. Un travail qui, pour rendre justice à la réalité, n'a pas d'abord à infliger au sujet tout le mal qu'il devra infliger plus tard aux autres, est un plaisir même quand il requiert un effort désespéré. La liberté qu'il signifie est comparable à celle réservée par la société bourgeoise au seul repos, dont une telle réglementation finit par nous priver. Inversement, celui qui sait ce qu'est la liberté ne supporte pas les amusements tolérés par cette société et, en dehors de son travail qui inclut, il est vrai, ce que les bourgeois réservent aux heures de loisirs en parlant de "culture", il n'acceptera aucun plaisir de substitution. Work while you work, play while you play - est une des règles fondamentales de l'autodiscipline répressive. Des parents qui faisaient une question de prestige des notes de leur enfant, étaient le moins disposés à admettre que celui-ci lise trop longtemps le soir ou finisse par ce qu'ils considéraient comme du surmenage intellectuel. Mais dans leur bêtise s'exprimait le génie de leur classe. La doctrine de la mesure en tant que vertu raisonnable, inculquée depuis Aristote, est entre autres choses un essai pour donner à la division de l'homme en fonctions indépendantes les unes des autres - qui est une nécessité sociale - des fondements si solides qu'aucune d'entres elles n'a plus aucune chance de passer à un autre et de faire penser à l'homme qui l'exerce. Mais on ne saurait pas davantage imaginer Nietzsche dans un bureau où une secrètaire répondrait au téléphone dans l'antichambre, assis jusqu'à cinq heures à sa table, qu'on ne pourrait l'imaginer jouant au golf apès une journée de travail. Seule l'astucieuse imbrication de bonheur et de travail laisse quelque porte ouverte à l'expérience, en dépit des pressions de la société. Elle est de moins en moins tolérée. Même les soi-disantes professions intellectuelles sont privées de toute joie à mesure qu'elles se rapprochent du business. L'atomisation ne se développe pas seulement entre les hommes, elle est en chaque individu, dans les différentes sphères de la vie. Aucun épanouissement ne doit être attaché au travail qui perdrait sinon sa modestie fonctionnelle dans la totalité de ses fins, aucune étincelle de réflexion ne doit tomber dans le temps des loisirs car elle pourrait se communiquer sinon à l'univers du travail et y mettre le feu. Alors que dans leurs structures le travail et l'amusement se ressemblent de plus en plus, on les sépare en même temps pas des lignes de démarcation invisibles, mais de plus en plus rigoureuses. Le plaisir et l'esprit en ont été également chassés. Partout règne un impitoyable esprit de sérieux et se déploie une activité de façade.

Pour résoudre quelques difficultés qui pourraient survenir à la lecture de cet extrait de Le Maître du Haut Château, de Philip K. Dick, un bref rappel des circonstances.

Dans ce livre les alliés ont perdu la seconde guerre mondiale, et le monde est partagé par les Japonais et les Allemands.

Voilà, je m'en tiens au strict minimum, mais vous en savez assez. Au passage je vous recommande ce livre, comme bien d'autres œuvres de K.Dick, dont je parlerais sans aucun doute par la suite ici même.

- Kitsch, dit Joe quand la musique se tut. Écoute, j'en connais un drôle de bout en fait de musique. Je vais te dire qui était un grand chef d'orchestre. Tu ne te souviens probablement pas de lui. Arturo Toscanini.

- Non, dit-elle sans cesser de lire.

- Il était italien. Mais après la guerre, les nazis ne lui ont plus permis de conduire, à cause de ses opinions politiques. Il est mort, à présent. Je n'aime pas ce von Karajan, chef attitré du New York Philharmonic Orchestra. Il fallait qu'on aille à ses concerts, après le travail. Ce que j'aime, en ma qualité de Rital, tu peux le deviner. (Il lui lança un coup d'oeil:) Tu aimes ce livre ?

- Il est passionnant.

- J'aime Verdi et Puccini. Tout ce qu'on peut avoir à New York, c'est la musique pesante et emphatique de Wagner et d'Orff ; il faut aller toutes les semaines à ces spectacles sentimentaux du Parti nazi américain à Madison Square Garden, avec les drapeaux, les tambours, les trompettes et la lueur vacillante des torches. L'histoire des tribus gothiques ou autres salades éducatives, chantée au lieu d'être simplement parlée, pour qu'on puisse appeler ça de l'"art".



A liquid, et mon coeur italien.

La députée Teres Kirpikli estime qu'il faudrait diffuser plus de porno à la télévision suédoise pour stimuler la natalité

Les Suédois ne font plus d'enfants et, pour rétablir l'équilibre démographique, Mme Kirpikli qui est âgée de 35 ans et mère de trois enfants, estime que le porno pourrait mettre du piquant dans la vie sexuelle des jeunes couples et les encourager à procréer.

"Du porno toute la journée le samedi devrait stimuler les gens estime-t-elle".

Plusieurs députés l'ont dénoncé ouvertement mais elle s'en moque éperdument: "Tout le monde aime la porno mais les gens sont hypocrites. Il n'y a rien de mal à ce que des gens en couple regardent de la porno. Je le fais souvent avec mon mari et on aime bien ça!"

Je pense pas qu'un commentaire soit nécessaire...

Source

Source plus "sérieuse"

En tapant "the nobs" sur youtube vous tomberez sur des vidéos de Led Zeppelin en concert issues de bootlegs (enregistrement "pirate" (sic) ou unofficiel). Les titres des vidéos sont des références aux paroles ou autres indices permettant de retrouver quel est le morceau interprété. Je trouve ce petit "jeu" qui s'ajoute au visionnage des vidéos "the nobs" plutôt amusant (bon, ça n'engage que moins hein...). Le seul problème c'est que souvent on ne sait pas de quels bootlegs sont tirées les vidéos.

Ce soir pour vous ce sera Kashmir, le 25 Mai 1975 à Earl's Court (tiré donc, d'on ne sait quel bootleg, sûrement "Demand Unprecedented In the History of Rock Music" vu la piètre qualité de l'image) :





Le Kashmir de la veille se trouve très facilement sur youtube, et il est globalement reconnu que le concert dont il est extrait est meilleur que celui du 25 (certains trouvent que Plant parle trop dans ce dernier...). Il est vrai que le 24 No Quarter et Dazed and Confused sont anthologiques, mais pour le reste Plant chante moins bien, de manière générale, que le lendemain.
De toute façon les deux concerts sont indispensables, alors bon...

A noter un petit détail : Led Zeppelin est le plus grand groupe de tous les temps (oui, c'est puéril) et le live est la "partie immergée" de ce groupe, qui révèle une richesse plus grande encore que ses albums studios.
Et ils lisaient Nietzsche et discutaient avec Burroughs (de la Beat Generation), trop forts !!!

La fin d'Impitoyable (Unforgiven) de (et avec) Clint Eastwood.

Dans "Le prix du progrès", un des fragments concluant La Dialectique de la raison, Adorno et Horkheimer citent l'argumentation de Pierre Flourens, un physiologiste français du XIXème siècle, prenant position contre l'anesthésie médicale au chloroforme : Flourens soutient qu'il peut être prouvé que l'anesthésiant ne fonctionne que sur le réseau neuronal de la mémoire. Bref, alors que nous sommes charcutés à vif sur la table d'opération, nous ressentons pleinement la souffrance dans toute son horreur, mais au réveil, nous ne nous en souvenons plus... Pour Adorno et Horkheimer, il s'agit bien sûr de la métaphore parfaite du destin de la raison basé sur le refoulement de la nature elle-même : son corps, la part de la nature dans le sujet, ressent pleinement la douleur, il n'en reste pas moins que, par le refoulement, le sujet ne s'en souvient pas. C'est en ceci que réside la vengeance parfaite d'une nature que nous avons asservie : inconsciemment, nous sommes victimes de nous-mêmes, nous charcutant vivant...

Slavoj Žižek, La subjectivité à venir.


Si Flourens avait raison dans cette lettre, les voies obscures du gouvernement divin du monde se justifieraient pour une fois. L'animal serait vengé par les souffrances de ses bourreaux : chaque opération serait une vivisection. On nous soupçonnerait de nous comporter envers les autres hommes et envers la créature en général exactement comme nous nous comportons envers nous-mêmes après avoir subi une opération, - d'être aveugles devant la souffrance. Pour la connaissance, l'espace qui nous sépare des autres signifierait la même chose que le temps qui nous sépare de nos souffrances passées : une barrière insurmontable. Mais la domination permanente de la nature, la technique médicale et extra-médicale tirent leur force d'un tel aveuglement : elle ne serait rendue possible que grâce à l'oublie. La perte du souvenir comme condition transcendantale de la science. Toute réification est un oubli.

Theodor Adorno et Max Horkheimer, La Dialectique de la raison.



Ouais, je sais, mettre le texte commenté en deuxième, c'est trop concept.




VISION ! CREATION ! NEWSUUUUUUN !

Pour détendre un peu l'atmosphère, j'ai sélectionné du Neil Young pour vous. Et comme vous savez que j'ai très bon goût, je n'ai même pas besoin de faire de commentaire.



Si les Lumières paraissent si bêtes c'est que les français les ont éteintes au moment même où elles se sont allumées. Remplacées par l'idiote généralisée. Exit tout esprit critique, la si belle démocratie française prétendue "des Lumières" n'est juste que le pire de la démocratie, et n'a rien d'une république.

Prenons ce cas d'actualité, la "crise des ossètes".

La France, censée être l'esprit critique, la grande marginale, que fait-elle ? Elle suit les Etats-Unis. Dejà au Kosovo elle avait fait pareil. Bon, on peut me répondre que ça c'est l'effet Sarkozy. Sarkozy il aime bien les USA, il y fait du jogging avec ses grosses Ray-Ban. Il y est content, "comme un gosse".

Oui mais non. Sarkozy il suit avant tout les Français. Et les Français ils trouvent que les Russes sont méchants, et que les Kosovars ils avaient bien raison de prendre leur indépendance. Après tout c'est ce qu'auraient voulu les Lumières non, que tout le monde soit libre ?
Alors oui, on peut aussi me répondre que c'est pas les Français qui pensent ça, mais les médias. Mais enfin quoi, depuis quand pensent les médias ? Soyons sérieux deux minutes...

Non, un peuple est une cohérence qui fait émerger une pensée "dominante", et la française est incohérente.
La pensée française approuve l'indépendance kosovare mais veut surtout pas qu'on touche à sa Bretagne. Bah non, c'est bien la Bretagne, pour les vacances. Et pour la Corse, la même chose.
La pensée française déteste les Etats-Unis, "ces cons, ahahah, ils sont gros et ils aiment faire la guerre. Et Bush, il est trop con, ahahah. Et leurs films, c'est de la merde commerciale. Nous, on a des beaux films. Et ouais, l'exception culturelle française...Taxi 3" Et pourtant, on suit les Etats-Unis comme des toutous : "Oh oui, ces pauvres Kosovars...". Oui, qui a intérêt à diviser l'Europe ? Qui a intérêt à voir émerger une deuxième Europe musulmane. "Oh encore un qui aime pas les musulmans, c'est mal" Euuuh non...enfin, comme les USA ? "Ah bah non ils sont gentils eux, tu viens de dire qu'ils les aiment bien" Ils veulent une amérique musulmane ? "Non, ils aiment pas les noirs et les musulmans". Incohérence... "Ouais bah en tout cas les Russes sont méchants, ils voulaient déjà pas reconnaître l'indépendance kosovare, maintenant ils attaquent les pauvres Géorgiens" Ah, mais les Géorgiens aussi refusent l'indépendance kosovare, et puis même que là ils veulent pas que les Ossètes déclarent leur indépendance depuis près de 20 ans et que c'est eux qui ont attaqué en premier. Incohérence non ?
La pensée française est totalement incohérente, fruit de l'idéologie de masse. Elle est la mondialisation qui vit sur les restes de tout ce qui la critique.

Enfin bon quoi, ça parait pourtant évident que c'est un jeu entre la Russie et les Etats-Unis là. L'esprit critique a réellement disparu si les Français peuvent subir cette version complètement manipulée des médias sans se dire tout simplement "ce n'est pas vrai". Et encore une incohérence, on nous bassine à longueur de temps avec la Chine et ses droits de l'Homme bafoués, avec sa propagande maléfique. Mais nous ne sommes même pas capable de dire "Non" quand on nous dit qui sont les méchants et qui sont les gentils (et qui plus est, que les rôles sont manifestement échangés...).


Je vois sur la "réacosphère" qu'on conspue unanimement les Lumières. Faut être de gauche pour aimer les Lumières (?). Moi je suis un "nationaliste de gauche", je suis fier du pays de la France des Lumières, de Voltaire, mais aussi de Lacan/Derrida/Bourdieu/Baudrillard, et je me demande, quand la France pensera-t-elle à nouveau ? Quand redeviendra-t-elle le pays des Lumières ?

En attendant, bon morceau qui va bien avec le sujet...

J'ai jamais été très doué pour le long argumentaire. En fait, j'ai toujours cette impression que ce qu'on appelle l'argumentation en opposition à la rhétorique reste elle même de la rhétorique. Je ne sais pas encore si cette impression est fausse, mais ce qui est sûr c'est que j'ai n'ai pas encore réussi à la disqualifier.

Quoi qu'il en soit, une autre chose est certaine : j'aime les aphorismes. En général, ils passent pour le fruit du savant philosophe. Quand on voit un "anonyme" les aligner, on se dit : "ça y est, il s'y croit".
En réalité, pour moi, ils ont surtout cet aspect du travail inachevé, brut, naïf. Des tentatives, des expérimentations de vérité, voire, des erreurs avouées. La présomption de la vérité sous la forme de l'erreur. C'est en ce sens que j'écris ici quelques "fragments" de pensée.
Une manière de se délester de quelques choses qui passent par la tête et qui pour ne pas partir à la poubelle car elles ne restent que des brouillons, deviennent mes coups d'essais. Et j'ai aussi cette autre impression que toutes les idées ne s'expriment pas de la même façon.
Mais principalement : une manière de mettre ces pensées à l'épreuve. Ce blog est un laboratoire et voici donc les expériences que je fais avec mes rats. Au final, ils vont peut-être tous périr. Ou peut-être qu'un deux sera le départ de la plus grande philosophie de tous les temps.

A voir :


1. La droite "décomplexée", c'est celle qui met des talonnettes.

2. Désormais, personne est un jeu de mot.

3. On doit comprendre que nous vivons dans une société du divertissement. Fort bien, mais de quoi sommes nous divertis ?

4. Je veux bien admettre que "le sens de la politique est la liberté". Mais alors, les "politiques" ont vraiment des problèmes d'orientation.

5. C'est quand il a décidé d'utiliser la pensée pour s'en prémunir que l'art est définitivement devenu artifice.

6. "La tradition est oubli des origines" Qu'est-ce que l'oubli de la tradition ?

7. L'Etat qui prétend rendre ses citoyens heureux est l'Etat totalitaire.

8. En plus d'avoir absorbé l'espace public, la société de consommation a aussi pris le contrôle de notre espace privé, mais ceci de manière muette et détournée.

9. J'ai enfin compris le "nouvel art" des artistes contemporains : se faire passer pour des artistes. Je passe depuis mon temps à m'excuser, car, c'est indéniable, ils sont sacrement doués.

10. Nouvelle éthique : Qu'est-ce qui étonne ?

11. Le peuple aime se faire masser (fallait bien une chute...).


Il est un livre qui me passionne. C'est Minima Moralia de Theodor Adorno.
Un jour, un ami (pas un "pote", un véritable ami, d'une amitié d'un temps ancien) qui m'avait déjà fait découvrir cet auteur me présenta ce livre.
Son impact, ma fascination. Feuilleté avec l'excitation d'un gamin qui teste son nouveau jeu vidéo, en oubliant la notice, je l'ai abordé avec le sérieux que j'avais au jeu quand j'étais enfant (en bon disciple nietzschéen), occupé à garder intacte cette tension de la concentration, du corps-à-corps au texte, et de la digression. Une lecture rapide, mais non précipitée.

Dès la dédicace, Adorno précise que l'objet de ces fragments est un domaine qui pour lui a été méprisé et oublié par les philosophes : l'éthique (je simplifie, Adorno parle de "doctrine de la vie juste"). C'est mon avis, ça commence bien. C'est vrai, ils font chier ces "philosophes" analytiques avec leurs conneries. Nous, ce qu'on veut, c'est savoir ce qui est bon.
La passion qui m'anime à chaque lecture de ce livre est aussi forte qu'elle est singulière. Elle est celle d'un homme qui n'a cette impression si forte que lorsque qu'il prend place aux côtés de Machiavel, Nietzsche ou Baudrillard. J'avais sans doute perdu l'habitude d'une pensée si vigoureuse, et à la passion s'ajoute donc la joie des retrouvailles avec une puissance de l'esprit qu'on avait oubliée.

Car oui, je fais partie de ceux qui ont perdus : je suis un "penseur". C'est à dire pour résumer que je suis chiant. "Joie" et "penser" associés ? Quoi, on peut prendre du plaisir à penser ? Tiens, justement, à propos de ça Adorno dit quelque chose, dans le fragment 84 : "Il n'est sans doute rien qui distingue aussi profondément le mode de vie de l'intellectuel de celui du bourgeois que ceci : le premier ne reconnaît pas l'alternative entre le travail et l'amusement". Oui, la "société de consommation" a gagné.

Comme on vient d'en avoir un avant goût, Adorno a fâcheusement tendance à jouer son Nietzsche dans ce livre, en trouvant la bonne formule pour tous les sujets. "Le fond et la forme" comme on dit (je ferais sûrement un article sur quels rares proverbes ne sont pas complétement débiles). Ce qu'il faut ajouter, c'est qu'avant l'heure Theodor décrypte à merveille la "société de consommation" et ce qu'il appelle "l'industrie culturelle". En gros, Adorno, c'est un peu comme Nietzsche et Baudrillard qui ont fusionnés (sans le kamehameha). Plus sérieusement, on y retrouve une esquisse de Simulacres et Simulation de Baudrillard, de l'hyperréalité, des images vides de la consommation, de l'aliénation totale de l'individu. Par exemple la dernière phrase de l'aphorisme 18 : "Il ne peut y avoir de vrai vie dans un monde qui ne l'est pas".

Adorno traite de toutes sortes de sujet avec l'esprit qui me sied : pessimiste mais gai. Un esprit au regard affûté, qui fait que tous les aphorismes qui constituent ce livre sont d'une richesse incroyable. C'est sans doute pourquoi je cite désormais du Adorno à longueur de temps...et que vous y aurez droit si vous trainez encore sur ce blog par la suite...

Voilà, je finis par le commencement, un extrait de la dédicace de Minima Moralia, de Theodor Adorno :

Le triste savoir dont j'offre ici quelques fragments à celui qui est mon ami concerne un domaine qui, il y a maintenant bien longtemps, était reconnu comme le domaine propre de la philosophie ; mais depuis que cette dernière s'est vue transformée en pure et simple méthodologie, il est voué au mépris intellectuel, à l'arbitraire silencieux et, pour finir, à l'oubli : il s'agit de la doctrine de la juste vie (da richtige Leben). Ce qui jadis méritait pour les philosophes de s'appeller la vie est devenu une affaire privée et ne relève plus finalement que de la consommation et, comme tel, tout cela est à la remorque du processus de production matérielle, dépourvue d'autonomie et de substance propre. [...] Ainsi, le regard que nous posons sur la vie s'est mué en une idéologie qui nous trompe en masquant le fait que cette vie n'existe plus.



Dans tous les blogs ils mettent des vidéos de musique, alors moi, même si j'aime pas trop faire comme tout le monde, j'en mets aussi.

J'aurais pu mettre Led Zeppelin, les Who, les Rolling Stones ou Bob Dylan, mais tout ça c'est trop connu, et vu que j'aime pas faire comme tout le monde, bah je mets du King Crimson. Et ouais, je suis comme ça. Et j'aime pas non plus faire les choses à moitié. Parce que bon, j'aurais pu mettre du King Crimson des seventies, un morceau de la trilogie Lark's Tongue In Aspic/Red/Starless and Bible Black, mais non, je mets du KC new-wave. J'aurais aussi pu mettre ça, un morceau plus accessible, le plus "connu" de la période new-wave, avec une qualité audio/vidéo supérieur, mais non, je mets Lark's Tongue In Aspic part III, le dernier morceau du troisième album de la trilogie new-wave Discipline/Beat/Three of a Perfect Pair, un morceau instrumental, "expérimental", avec une qualité d'image et de son inférieure à celle d'Elephant Talk, des accoutrements encore plus ridicules que le costard rose fluo d'Adrian Belew (et je ne parle même pas de son horrible guitare) et un Robert Fripp à lunettes rondes (ouais, comme Harry Potter !).

Si on voulait résumer grossièrement, on pourrait dire que je vous fait découvrir une vidéo que seul un fan de King Crimson peut apprécier (et encore). On pourrait aussi répondre que c'est quand même un bon morceau et que Fripp s'y déchaine, mais au final, l'explication la plus simple est peut-être que je suis un con. Comme tout le monde en fait.

Bonus : une bd avec Fripp, son lapin, et sa lapine:

« Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le parquet (…) a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n’est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d’épouser sa fiancée, juive, héritière des fondateurs de DARTY. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! »


Çà, c'est un article de Siné du 2 juillet 2008.

Moi je trouve ça assez marrant même si c'est un brin anti-sarkozyste primaire. Ce qui en fait ne me choque pas plus que ça pour un article de Charlie Hebdo.

Ce qui choque avec cet article, c'est qu'il est antisémite. Quoi, vous avez pas vu ? Bah à la fin, là, il dit judaïsme et juive. Bon, d'accord, c'est vrai que j'ai un peu de mal à expliquer tout ça, mais heureusement comme dans toute bonne démocratie, il y a des gens spécialisés dans cette discipline qui consiste à montrer aux gens les autres gens, méchants, qui font des choses méchantes. Alors j'ai cherché un de ces spécialistes et faut dire que ça n'a pas trainé parce qu'il se trouve qu'il y en a justement un à Charlie Hebdo. Même que c'est le rédacteur en chef : Philippe Val.

Alors voilà, je laisse le spécialiste des choses mauvaises parler :

« les propos de Siné sur Jean Sarkozy et sa fiancée, outre qu’ils touchaient à la vie privée, colportaient la fausse rumeur de sa conversion au judaïsme et surtout, qu'ils pouvaient être interprétés comme faisant le lien entre la conversion au judaïsme et la réussite sociale, et ce n’était ni acceptable, ni défendable devant un tribunal ».

Philippe (je vais l'appeler par son prénom, parce que je fais toujours ça avec les gens que j'aime) est un grand héritier des Lumières, il pourfend la bêtise humaine pour éclairer ses co-citoyens.

M'enfin, je comprends quand même pas très bien. Déjà, Siné dit que Sarkozy fils a été relaxé parce que le plaignant était arabe. Il dénonce donc une discrimination. Et il ne nous viendrait pas à l'idée de dire que quelqu'un qui lutte contre les discriminations à l'égard des arabes est antisémite, non ? Ah, si ? Bon, bah alors Philipe a bien raison..

Mais tout de même, à Charlie, depuis pas mal de temps, on a coutume de dire de certaines personnes qu'elles sont nazies.

Est-ce à dire qu'il est pire d'être juif que d'être nazi ?

C'est ce que laisse entendre Philippe et ses amis défenseurs des Lumières :

« À Charlie, nous sommes habitués aux débats internes, même virulents. Ils nous enrichissent, et nous pensons qu'ils enrichissent aussi nos lecteurs. Nous les vivons sereinement et souvent gaiement. Pour autant, les atteintes à nos valeurs communes n'ont pas leur place dans ce journal »

Dire que Le Pen, Sarkozy ou Hortefeux sont des nazis, ce n'est donc pas une atteinte aux valeurs communes de Charlie Hebdo. En revanche dire de quelqu'un qu'il est juif, c'est une atteinte aux valeurs de Charlie Hebdo. Comme je vous l'ait dit, je suis pas un spécialiste en choses pas morales, mais bon, ça m'a l'air pas bien du tout d'être juif, parce que même dans notre cas, où l'on dit de Sarkozy (fils) qu'il pourrait simplement vouloir le devenir, on commet tout de même un acte atroce qui mérite ce genre de propos :

« Siné est une ordure. »

Bah ouais, mais au final, je comprends pas trop en quoi c'est antisémite moi tout ça (au cas où vous n'auriez pas compris). Je trouve toujours ça marrant. Ouais, Siné est marrant. C'est pas une lumière, ni même son héritier, mais il est marrant :

« Je reproche à Jean Sarkozy de se convertir par opportunisme. S'il s'était converti à la religion musulmane pour épouser la fille d'un émir, c'était pareil. Et (la fille d')un catholique, pareil, j'ai jamais fait de cadeau aux catholiques. Quant à faire des excuses à Sarkozy et à Darty, autant me couper les couilles tout de suite. »

Oui alors bon, je suis sans doute quelqu'un de pas gentil puisque moi je trouve que Siné a bien raison.

Et puis d'abord, depuis quand ça gène Charlie Hebdo quand on insulte un Sarkozy. Normalement ça plait à la bonne tranche de lecteurs paranoïaques anti-sarkozystes. Et puis, c'est pas eux qui sont là pour éclairer le monde, donner aux citoyens les clés de leur propre entendement face aux ombres de toute religion ? C'est pas eux qui ont publiés les caricatures de Mahomet au nom de la liberté d'expression ? Ah, ça me rassure, c'est sans doute moi qui fait une erreur alors. Impossible que Philippe ne décide de congédier Siné pour une simple histoire de peur de procès pour antisémitisme.

C'est pourtant ce qu'ont l'air de dire les autres garants du respect des Lumières, les gars de Marianne :

"Mais en l'absence d'excuses de la part du caricaturiste, le directeur de publication de Charlie Hebdo, qui a reconnu avoir commis l'erreur de publier l'article de Siné sans l'avoir lu, paraissait effrayé à la perspective d'un procès pour antisémitisme dans son journal."

Arf, au final, Siné est viré. Les défenseurs du Bien ont encore gagné. Il reste que j'ai l'impression qu'ils se tirent un peu dans les pattes ces cons. Enfin... Merci Philippe.



In the eyes of a ranger,
The unsuspecting stranger,
Had better know the truth of wrong from right,

'Cause the eyes of a ranger are upon you,
Any wrong you do, he's gonna see,

When you're in Texas, look behind you,

'Cause that's where the rangers gonna be.

Merci Madame Alliot-Marie, avec ça nos quartiers seront bien protégés.

Avez-vous remarqué qu’en été, et plus précisément, lorsqu’il fait chaud, les gens sont plus idiots ?

En temps estival, on peut entendre la plèbe annoncer à longueur de journée, chose si peu manifeste, qu’il fait chaud. Un peu comme dans un film de Romero, on assiste à une incessante déambulation agonisante d’êtres qui ne se savent pas vraiment pourquoi ils sont là, qui sont identiques, et qui geignent tous la même chose. La seule différence qui permet de différencier les zombies de l’été et ceux de Romero est que les premiers ajoutent « il fait chaud » en ponctuation de chacun de leurs gémissements.
Pire, le « beau temps » semble être au cerveau humain ce que la télé-réalité est à la réalité - autrement dit un adversaire aussi tenace que pathétique. « C’est pas normal de travailler par un temps pareil » ou « je veux pas aller au cours sur Kant il fait chaud » sont de parfaites illustrations de cette théorie. La chaleur est l’ennemie de la pensée, elle étouffe la réflexion qui se laisse alors facilement écraser par l’instinct du bronzage. En effet, en été, c’est comme si tout le cerveau déménageait vers la peau qui devient alors la véritable instance décisionnelle de chaque homme, et bien davantage, de chaque femme.
Mais si ces éléments parlent déjà d’eux-mêmes, voici ceux qui balayent toute critique :
  • Qu’écoute-t-on en été ? « Les tubes de l’été », la Macarena et autres soupes sur lesquelles on « danse » (une boîte qui « danse » sur un tube de l’été, ça pourrait bien être une scène de Dawn of the Dead) chaque année entre Juin et Septembre.
  • Que regarde-t-on en été ? Les blockbusters débiles (ce qui n’est pas  forcément un pléonasme, contrairement à ce que pourrait croire Télérama) genre Transformers (été 2007) ou Le Jour d’Après (été 2004), des films faits par des idiots, pour des idiots, qui vont jusqu’à voir l’événement auto-annoncé dans des salles non-climatisées, et donc infernales de chaleur, alors que déjà dehors « il fait chaud ». Les cons !
Et enfin, voici pour vous le point imparable parmi tous, celui qui permet de dire de façon indiscutable que l’été est la saison des morts-vivants : en été, les journées sont plus longues. Les gens étant déjà idiots tout le reste de l’année, ils le sont donc plus quand les journées sont les plus longues, c'est-à-dire en été.
Vous savez donc maintenant ce qu’il vous reste à faire…lorsque contemplation rime avec insolation, pensez à faire un tour dans la caverne.
PS : s’il fait chaud et que vous n’êtes pas d’accord avec cet article, alors vous avez nécessairement tort.